Une piste de réflexion sur la vraie - fausse résilience. Le travail de constellation familiale et transgénérationnelle est-il une ressource ?
Comme on le sait, la résilience signifie la capacité à surmonter les chocs traumatiques.
Ce mot est souvent employé pour caractériser la force mise en oeuvre pour se sortir des situations d'abus, de contrôle, d'injustice, de rejet, d'exclusion, de trahison, d'humiliation...
Beaucoup d'hommes et de femmes arrivent à dépasser leurs difficultés parfois même en rebondissant au travers de projets porteurs : certains facilement, d'autres plus difficilement.
Résilience ou Acharnement ?
Quand nous trouvons la force de dépasser les événements douloureux du passé mais que, malgré tout, nous devons le faire avec effort constant voire épuisant ou qu'il règne en nous, une empreinte régulière de colère, une habitude à s'isoler ou à rejeter l'autre et/ ou que nous gardions une posture qui consiste systématiquement à réagir de manière opposée à une autre personne, à une situation, à un système...et ce, de façon trop fière parfois, on peut voir là des indices qui montrent qu'il ne s'agit pas d'une véritable résilience. C'est peut-être que nous sommes sous l'influence de nos ascendants oppressés, victimes ou des oppresseurs, malfaiteurs ayant appartenu à l'histoire de nos lignées maternelle ou paternelle ou encore les deux.
Un exemple concret
Prenons l'exemple d'une femme que nous appellerons, par souci de confidentialité, Claudine. Maltraitée lors de son enfance, elle n'a pas pu se déployer dans une scolarité réussie. À 30 ans, décidée à s'en sortir, elle reprend les études et devient couturière.
C'est une femme qui a beaucoup de courage : elle jongle avec beaucoup d'efforts entre les activités de mère, d'épouse et d'étudiante en alternance. Mais, sa persévérance paye ; elle finit par réussir son projet jusqu'à devenir entrepreneuse et ouvrir sa boutique.
C'est une belle réussite n'est-ce-pas ? On félicite le parcours de Claudine et on aurait tendance à dire d'elle qu'elle est une résiliente.
En effet, il s'agit bien d'une victoire sur son parcours scolaire chaotique et d'une revanche sur son enfance notamment ...
Pourtant, voilà que Claudine s'épuise à la tâche et petit à petit, elle se laisse envahir par de la tristesse et beaucoup de colère car, malgré la réussite professionnelle, elle ne se sent pas comprise ; elle ressent même du mépris de la part de ses collaborateurs ; elle trouve aussi que certains clients sont maltraitants comme si il se rejouait des scènes connues, des situations d'enfance vécues avec ses parents, ses enseignants..., des situations où elle ne se sentait pas vue, pas reconnue, méprisée...
Malgré la force déployée à se relever, c'est comme si il restait une part profonde d'elle-même non guérie. Ainsi, pourrait-on dire que le travail de résilience n'est pas fini.
Le travail transgénérationnel : une aide complémentaire dans le chemin de résilience ?
Poursuivons le parcours de Claudine
La force de Claudine est indéniable. C'est le genre de personne qui se dit "Jamais au moral ! ".
Même si elle ne connaît pas vraiment les thérapies introspectives, elle décide alors d'entreprendre un travail personnel d'abord avec une psychologue. Puis, en parallèle, elle s'essaye à un travail transgénérationnel avec une constellatrice en systémie familiale.
Ces deux pratiques lui permettent de verbaliser ses problématiques, de s'auto-analyser et d'ouvrir un champ de compréhension plus subtil.... Avec la pratique transgénérationnelle, au travers d'un génogramme (arbre généalogique simplifié) et d'une mise en représentation de son système familial, Claudine a pris conscience que les femmes de sa lignée n'avaient jamais fait d'études : beaucoup d'entre elles étaient sorties très jeunes de l'école comme elle. D'ailleurs, elle découvrit que sa grand-mère, reconnue dans la famille pour ses belles oeuvres de couture, rêvait d'être couturière à l'image de Coco Chanel mais, face aux décisions paternelles, elle resta tristement à la ferme ; s'y était mariée en reprenant l'exploitation avec son mari. Quant à la mère de Claudine, elle était devenue aide-soignante profitant d'une formation sur le tard comme Claudine également.
Ainsi, lors de sa constellation systémique transgénérationnelle, elle put se laisser vivre un pan de son roman familial en s'autorisant à déposer symboliquement ce qu'elle avait porté intérieurement par loyauté inconsciente : la tristesse et la colère des femmes de sa lignée qui n'ont pas pu s'émanciper selon leur volonté.
Quelques mois après ce cheminement, Claudine se sentait plus apaisée ; elle dira même "j'ai retrouvée la part de moi qui me manquait" "Aujourd'hui, je profite pleinement d'un meilleure équilibre."
Il est interessant de finir cette histoire par un clin d'oeil du destin
Claudine s'est vue proposer une chose incroyable faisant écho au désir de sa grand-mère : elle est devenue sous-traitante d'une haute maison de couture.
Débrief de la constellatrice en systémie familiale transgénérationnelle
La véritable résilience est l'état d'être qui nous fait vivre une paix intérieure dans une meilleure relation à soi, aux autres et à son environnement.
Les constellations familiales transgénérationnelles sont des ressources complémentaires qui aident à revisiter l'histoire de la famille tout en prenant conscience que nous avons encodé le destin douloureux d'un ascendant. C'est la mémoire épigénétique.
Vivre cette prise de conscience sous forme de représentation systémique aide à engager un processus d'harmonisation.
Après une constellation, il arrive qu'on accompagne le processus de libération avec des thérapies émotionnelles, énergétiques ou corporelles.
Selon moi, les pratiques systémiques transgénérationnelles sont un cheminement de réconciliation avec soi-même, un moyen de se reconnecter plus justement à la Force des talents qui s'est transmise par nos ascendants, nos aïeux, nos ancêtres et qui s'écoule de génération en génération.
Sandra Bienville
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